Ouvrage incontournable du patrimoine architectural de Courbevoie, l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, propriété de la ville, fait actuellement l’objet de travaux de réfection d’urgence. Le préalable à une restauration de plus vaste ampleur, destinée à restituer tout son lustre à cet édifice historique.

Le 24 juillet 2024, un segment de la corniche de la rotonde s’est effondré. Heureusement, la ville avait préalablement mis en place un périmètre de sécurité, après qu’ont été constatées des fissures potentiellement dangereuses et la chute de gravats.

De l’étape préliminaire…

Dans un premier temps*, des interventions ont été diligentées pour consolider les secteurs fragilisés et mettre en sécurité la totalité de la corniche, recouverte d’un habillage provisoire en plâtre. Pourquoi « provisoire » ? Parce que le diagnostic approfondi du bâtiment partiellement classé, confié à l’agence spécialisée 2BDM dirigée par Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques, a révélé que cette usure problématique était liée au poids excessif pesant sur la corniche, dû à des restaurations anciennes.

… aux entreprises à venir

Aussi, une restauration du clos et du couvert est-elle envisagée, de même qu’un audit au sein de l’église, dont les revêtements et peintures présentent des signes de dégradation (altérations consécutives à l’humidité). Par ailleurs, la dalle de la chapelle Sainte-Thérèse (non-classée), également sujette à des infiltrations, réclame un désamiantage et une reconstruction complète. Ce n’est qu’après la réfection de la toiture et de la charpente que les corniches définitives seront réalisées et que des travaux intérieurs pourront être programmés. Un chantier qui nécessitera un effort budgétaire important de la part de la ville et des recherches de subvention. Nul doute que l’un des deux seuls témoins de l’architecture religieuse pendant la période révolutionnaire en Île-de-France saura susciter l’intérêt des partenaires financiers de notre commune.

* Au cours de cette première phase, les éclairages ont également été remplacés.

Le chantier de réhabilitation de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, à l’architecture si particulière, s’inscrit dans la volonté de l’équipe municipale de préserver notre patrimoine et notre héritage culturel commun. Étalés sur plusieurs années, les travaux se feront en étroite concertation avec la paroisse.

Marie-Pierre Limoge, première adjointe au maire

Une église révolutionnaire

Si la première mention d’un édifice religieux sur notre territoire remonte à 1301, c’est à la Renaissance que sont bâties les chapelles Notre-Dame et Saint-Sébastien. Le curé Pierre Hébert (1742-1794), à la détermination duquel on doit la création de la paroisse Saint-Antoine de Courbevoie en 1784, devait à nouveau faire valoir sa force de persuasion après l’effondrement de la voûte, affectée par les ravages du temps, à la Noël 1788, mettant en péril les paroissiens, dont les membres du régiment de gardes suisses du roi. La construction d’une nouvelle église, plus vaste, est confiée à l’architecte Louis Le Masson (1743-1829), élève de Claude-Nicolas Ledoux. La première pierre est posée le 9 mai 1790, en présence du seigneur local et mécène Pierre Thorin de La Thanne. Outre sa singularité temporelle (il s’agit, avec Saint-Nicolas-et-Saint-Marc de Ville-d’Avray, de la seule église de la région bâtie pendant la Révolution), le monument, enserré sur une parcelle étroite, se distingue par son style néoclassique romanisant et son plan atypique (péristyle dorique surmonté d’un fronton triangulaire, double nef elliptique et rectangulaire), mais aussi par sa charpente métallique, innovante à l’époque. Les travaux, qui se poursuivent en 1791, s’interrompent sous la Terreur. Abandonnée aux caprices des éléments, la bâtisse inachevée reçoit le concours inespéré de la duchesse d’Angoulême en 1819. Remaniée pendant la Restauration, elle est agrandie sous le Second Empire, sous la houlette de l’architecte Jean-Baptiste Guénepin (1807-1888). L’année 1925 voit la création de la salle du catéchisme, transformée en chapelle Sainte-Thérèse, tandis que la couverture en zinc est restaurée en 1929 et le clocher, érigé en 1932. Menacée par la pression immobilière, l’église Saint-Pierre-Saint-Paul est sauvée in extremis, en 1971, par son inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques (à l’exception des adjonctions récentes). Après un ravalement de sa façade et une réfection de sa toiture dans les années 1980, elle bénéficie d’une restauration intérieure en 1992-1993. La municipalité procède, depuis les années 2000, à des opérations d’entretien. En 2015, la requalification de la place Hérold la dote d’un large parvis.

Le saviez-vous ?

• Selon l’abbé Piquemal (Études sur la ville et paroisse de Courbevoie, 1908), lors de l’installation de l’abbé Leroux, en avril 1871, les fidèles prirent subitement la fuite, en pleine cérémonie, à l’arrivée de la colonne de 5 000 communards menée par Gustave Flourens et Jules Bergeret contre l’armée versaillaise.
• Lors du bicentenaire de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, en mai 1990, la première pierre fut descellée. Le maire de Courbevoie, Charles Deprez, y fit déposer des plans de projets pour la ville, ainsi qu’une pièce de dix francs.
• Un repère géodésique du nivellement général de la France (réseau Bourdalouë 1857-1864) fut apposé sur la colonne gauche du péristyle de l’église. Il indique l’altitude de 46,35 m.

Merci à Jean-Marc Gailliard, historien de l’église, pour le recueil de ces anecdotes méconnues.

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