Unique en son genre, le festival Atmosphères parle d’environnement et de développement durable à travers le cinéma, l’art et les sciences. Du 8 au 12 octobre, profitez de films, spectacles et débats gratuitement.

Des films et des débats

Durant les cinq jours, une vingtaine de films seront projetés, dont de nombreuses avant-premières telles que Le Chant des forêts de Vincent Munier et Les Rêveurs d’Isabelle Carré, en présence des réalisateurs ou réalisatrices. 

Des spectacles

Avec “Eaudyssée”, samedi 11 octobre, un musicien et un biologiste s’allient pour raconter le récit d’une molécule d’eau dans les océans, les airs, les sols et la chaîne du vivant. Un spectacle à voir en famille. Dimanche 12, dans “Les Perruches et moi”, le docteur en acoustique Antonio Fischetti évoquera dans un récit intime les sons des animaux et les comportements humains. 

Des soirées événements

Outre les cérémonies d’ouverture (vendredi) et de clôture (dimanche), ne manquez pas la soirée spéciale consacrée aux glaciers, samedi 11. Animée par Sébastien Folin et la glaciologue Heïdi Sevestre, elle proposera la projection du film Glaciers d’Arctique, état des lieux de Pierre Dugowson, la rencontre avec de nombreux scientifiques, la participation d’associations telles que Mountain Wilderness ou Tara Océan, ainsi que des performances artistiques. 

Des rencontres

Gaspillage, intelligence du vivant et des animaux, écologie et spiritualité, IA générative, etc., autant de thèmes de rencontres et d’ateliers où vous pourrez écouter des scientifiques, des artistes et des experts de la transition écologique. Nouveau cette année, le café des sciences permettra au public de rencontrer les intervenants du festival et les membres du comité scientifique le temps d’une heure de questions-réponses.

Programme complet : atmospheresfestival.com    

QUESTIONS À PASCAL SIGNOLET

Ce Courbevoisien est le fondateur du festival Atmosphères, créé en 2011. Retour sur quinze ans d’engagement. 

Comment est né ce festival ?

Je suis documentariste et j’avais envie de créer un festival de cinéma en lien avec le développement durable. Avec des amis, nous avons réfléchi à un événement grand public qui allierait cinéma, art, science et innovation. Nous voulions permettre aux gens de penser par eux-mêmes. 

Comment Atmosphères a-t-il évolué ?

A la demande des visiteurs, on a élargi les tables-rondes, les ateliers, les moments d’échanges. Il y a une vraie demande de participation du public. Au début, il y avait beaucoup de gens qui venaient surtout voir un bon film ou une avant-première, c’était notre marque de fabrique. Aujourd’hui, leurs enfants viennent au festival. Ils sont plus informés, plus exigeants.

Le public a-t-il changé lui aussi ?

Les gens sont plus conscients des effets du dérèglement climatique, des liens entre santé et environnement. Ce dont on peut être fier, c’est que 50 % des visiteurs ont changé de comportement après être venus à au moins deux éditions du festival. Cela prouve que, quand on est informés et émus, on agit. 

Si vous deviez citer quelques moments marquants de toutes ces années ?

Les premiers invités, en 2011, Jean Jouzel et Hubert Reeves. Tout ce qu’ils ont dit - le premier sur le dérèglement du climat et le second sur l’effondrement de la biodiversité - s’avèrent vrais aujourd’hui. Les entendre m’a toujours émerveillé. En 2015, le film La Glace et ciel avec Claude Lorius m’a beaucoup ému. Et plus récemment, en 2021, quand l’astrophysicienne Hélène Courtois nous a dévoilé la cartographie de l’univers, c’était extraordinaire. C’est ça aussi, Atmosphères, parler des étoiles, ça calme, ça nous remet à notre juste place.

Qu’avez-vous prévu pour cette année ?

Ce sera foisonnant et comme toujours gratuit. Le thème de cette nouvelle édition, ce sont les intelligences, humaines, animales - du vivant en général - sans oublier l’intelligence artificielle. Pour en débattre, il y a une sélection pointue de films et documentaires en avant-première. Nous allons aussi diffuser certaines projections-débats en multiplex partout en France, c’est un vrai défi ! 

Un festival qui donne la parole aux scientifiques

Marc-André Selosse, botaniste et parrain de cette 15e édition, et Heïdi Sevestre, glaciologue et membre du comité scientifique du festival, seront tous deux présents à Courbevoie du 8 au 12 octobre. Ils ont répondu à nos questions. 

MARC-ANDRÉ SELOSSE : « JE MILITE POUR QUE LES SCIENCES SOIENT AU COEUR DE L’ÉDUCATION ET DES DÉBATS SOCIÉTAUX »

Botaniste spécialisé en mycologie, Marc-André Selosse est professeur au Muséum national d’histoire naturelle. Investi dans la vulgarisation scientifique, il donne de nombreuses conférences dans toute la France et a publié plusieurs ouvrages destinés au grand public, dont Nature et préjugés (Actes Sud, 2024). Une invitation à observer et respecter le vivant. 

Comment s’est dessinée votre vocation scientifique ? 

Marc-André Selosse : J’ai grandi au contact de la nature. Mon grand-père m’emmenait en forêt, et je passais mes vacances en Bretagne avec mes parents. J’ai découvert les champignons en classe de 5e et… j’en ai fait le thème de ma thèse de doctorat. 

Sur quel sujet portent présentement vos recherches ? 

M.-A. S. : Je travaille sur la microbiologie de la truffe, associée aux racines des plantes. Il existe en effet des interactions symbiotiques entre les champignons dits mycorhiziens et les végétaux des sous-bois forestiers, qui procèdent à des échanges d’éléments nutritifs. Cette coopération joue un rôle protecteur de l’écosystème. Par ce biais, je me suis intéressé à l’écologie microbienne des sols. Vous êtes également réputé pour votre oeuvre de vulgarisation. 

Comment envisagez-vous cette mission de transmission du savoir au grand public ? 

M.-A. S. : L’importante production de connaissances actuelle n’a d’intérêt que si elle permet aux citoyens de faire des choix éclairés en matière de santé et d’environnement. En l’espèce, le chercheur peut jouer sur deux registres : la vulgarisation heureuse, qui conte de belles histoires, et la vulgarisation vertueuse, qui explique ce qui fonctionne (ou pas) et « secoue les puces » de la société. J’ai donné 135 conférences au cours des six premiers mois de l’année : il est indispensable d’aller au-devant du public, d’être à l’écoute de ses attentes et de ses réactions. 

La science du vivant est-elle suffisamment valorisée à l’école ? 

M.-A. S. : En tant que membre de la commission des programmes scolaires, j’ai défendu la pluridisciplinarité des enseignements scientifiques, auxquels davantage d’heures devraient être consacrées. Je milite pour que les sciences soient au coeur de l’éducation et des débats sociétaux. 

Pourquoi avez-vous accepté de parrainer la 15e édition du festival Atmosphères et qu’allez-vous proposer aux visiteurs ? 

M.-A. S. : Je connaissais déjà l’événement, dont j’avais eu l’occasion d’apprécier la qualité, ainsi que la variété du public. Je serai heureux de raconter aux auditeurs des histoires sur la nature qui incitent à penser et panser le monde, à réfléchir aux conséquences de nos actions sur notre avenir et celui de nos enfants, à donner du sens à ce que l’on vit dans l’univers complexe qui nous entoure. J’espère qu’un maximum de participants y trouveront un motif d’enrichissement, mais également de divertissement. Car la science peut aussi être récréative. Il ne faut pas en avoir peur !

Céline Sallette, marraine du festival

Aux côtés de Marc-André Selosse, la réalisatrice et actrice Céline Sallette est la marraine artistique de cette 15e édition. Membre du collectif CUT, « Cinéma uni pour la transition », elle a incarné sur grand écran Inès Léraud, une journaliste d’investigation dans Les Algues vertes et elle sera prochainement à l’affiche des Furies, de Camille Ponsin, un film qui se déroule au sein d’une communauté de néoruraux, où l’amour et la fraternité sont les valeurs cardinales.  

HEÏDI SEVESTRE : « C’EST UN FESTIVAL PLEIN D’AUDACE ET D’INTELLIGENCE, QUE J’ADORE ET OÙ JE ME RESSOURCE ! »

En ligne depuis le Svalbard, dans l’océan Arctique, où elle habite une partie de l’année, Heïdi Sevestre a répondu à nos questions avec l’énergie, l’enthousiasme et l’optimisme qui la caractérisent si bien. 

En quoi consiste vos recherches scientifiques ? 

Heïdi Sevestre : Je suis glaciologue et j’étudie la dynamique des glaciers de l’Arctique, mais aussi des glaciers tropicaux, la façon dont ils répondent au réchauffement climatique et les solutions pour préserver la cryosphère. Cette année, je me suis concentrée sur les glaciers de l’Ouganda, en Afrique de l’Est, qui ont drastiquement diminué, en passant de trente à une dizaine aujourd’hui. Ils risquent de fondre totalement d’ici dix ans. Il faut donc les étudier et les documenter avant qu’ils ne disparaissent à jamais.

Vous faites aussi un grand travail de sensibilisation et de vulgarisation ? 

H. S. : Être scientifique aujourd’hui, c’est bien sûr du temps pour la recherche, les expéditions, les publications, mais c’est aussi en parler au plus grand nombre, communiquer sur les résultats, sinon, ce travail n’a pas de sens. Si on veut que les choses évoluent, il faut aller vers la société civile, les gouvernants, les entreprises. Les discussions à l’échelle nationale, européenne ou mondiale, sur les sujets environnementaux particulièrement, doivent être nourris par des faits scientifiques et des données auxquelles chacun peut accéder.

Vous connaissez bien le festival Atmosphères, auquel vous participez depuis 2020, et dont vous êtes membre du comité scientifique. Qu’a-t-il de particulier ? 

H. S. : Dès ma première participation, il y a cinq ans, ce festival m’a touchée au cœur. Il met tellement bien la recherche scientifique en lumière. Les organisateurs du festival ont compris que pour parler de sciences, il fallait aussi de l’émotion. Il faut aborder ces questions avec de l’art et faire travailler ensemble des scientifiques et des artistes. Ce mélange fonctionne très bien et permet de faire passer des messages, de modifier des comportements. C’est un festival plein d’audace et d’intelligence, que j’adore et où je me ressource !
J’aime les moments informels qui ont lieu en dehors des conférences et projections. Je me souviens d’être allée dans les rues de Courbevoie pour ramasser des déchets ou faire des plantations, là où on peut discuter avec tout le monde. C’est très agréable. Il m’a d’ailleurs donné des idées puisqu’ici, au Svalbard, on essaie de mettre en place des parcours comme à Courbevoie.

Le public que vous rencontrez au festival est-il différent depuis toutes ces années ? 

H. S. : Je sens une prise de conscience grandissante. Les gens sont mieux informés, ils se posent les bonnes questions et ils s’engagent de plus en plus, chacun à son niveau et selon le temps dont il dispose, mais c’est déjà bien. J’ai en tête cette initiative d’une habitante de Courbevoie, devenue une amie, qui a créé avec d’autres riverains un jardin-forêt en pleine ville [NDLR : le square Volta, rue Edith-Cavell], c’est une super initiative. La connaissance permet de passer à l’action. 
Le festival Atmosphères illustre aussi très bien que s’engager, c’est surtout créer du lien, échanger des idées, imaginer ensemble l’infini des possibles, bref rêver de changer le monde.

2025 est l’année internationale des glaciers. Avez-vous de bonnes nouvelles ? 

H. S. : Le fait que plusieurs pays se soient rassemblés sur ce sujet est déjà une bonne nouvelle ! A l’origine, c’est une idée du Tadjikistan, rejoint par la France. Puis les Nations Unies ont porté cette initiative à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, 40 scientifiques travaillent ensemble et, le 8 juin dernier, c’est la décennie internationale des glaciers qui été lancée, c’est incroyable. Pour être vraiment précise, le nom exact, c’est : la décennie d’actions des sciences de la cryosphère. L’idée est d’avoir plus de temps et de moyens pour continuer à mesurer à quelle vitesse les glaciers répondent au réchauffement climatique et être plus efficace en sensibilisant le public, les entreprises et les politiques. On sait que les glaciers fondent et font augmenter le niveau des océans et cela doit mobiliser tout le monde.

Justement, lors du festival, une soirée spéciale sur les glaciers est prévue, de quoi allez-vous nous parler ? 

H. S. : La soirée, imaginée par Sébastien Folin, mêlera des sciences, des arts et des récits humains, c’est la marque de fabrique du festival et c’est toujours magique. Il y aura la projection du film de Pierre Dugowson, auquel j’ai participé. C’est un film ultra actuel qui suit de près des étudiants et des scientifiques dans leur travail et c’est très émouvant. On est dans le cœur du sujet : tout ce qui se passe dans l’Arctique a des conséquences en Europe et en France.

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