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Alors que la ville a progressivement acquis les locaux vides du centre Charras pour y implanter de nouveaux commerces* – près de vingt en une année – et lui redonner vie, les contours d’un ambitieux projet s’affinent : dessiner à moyen terme un nouveau centre-ville.

Lorsqu’on prononce le nom « Charras », Michel B., 67 ans, plonge dans ses souvenirs : « C’était quelque chose, Charras, à l’époque ! Le nec plus ultra de la modernité ! » Mais la modernité a changé de visage, et l’ensemble Charras, avec son centre commercial labyrinthique, ses multiples étages de parking, son esplanade Charles-de- Gaulle de plusieurs hectares où sont enchâssés trois immenses immeubles, le Verseau, les Poissons et les Gémeaux, a pris de l’âge. Emblématique de l’urbanisme sur dalle des années 1960 et 1970 et du « tout voiture », Charras n’est plus adapté aux usages des consommateurs d’aujourd’hui ni à ce que les habitants souhaitent voir et vivre dans leur ville.

La ville du XXIe siècle en ligne de mire 

Dans les centres commerciaux contemporains, les dédales sinueux desservant de petites échoppes ont laissé place à de larges allées éclairées par des puits de lumière naturelle, et le verre ou le bois sont préférés à l’omniprésent béton. Côté aménagement, les citadins du XXIe siècle tiennent à ce que l’on réserve sa juste place à la nature en ville. Nombreuses sont les communes, dont Courbevoie, qui s’astreignent à respecter la fameuse règle des 3-30-300 : trois arbres visibles depuis chaque logement ; 30 % de canopée dans chaque quartier ; 300 mètres maximum entre n’importe quel logement et le parc, square ou jardin le plus proche. Enfin, la division de l’espace urbain en fonctionnalités distinctes (bureaux, centres commerciaux, quartiers résidentiels) a laissé place à la ville du quart d’heure** dans laquelle tout ce dont le citadin moderne a besoin doit se trouver à moins de quinze minutes à pied ou à vélo : culture, commerce, sport, soins, lieux de vie, etc. Loin des grands ensembles impersonnels, les métropolitains aspirent à la proximité pour recréer « l’esprit village » au sein de leur quartier. Lorsque nous demandons au maire, Jacques Kossowski, sa vision pour le futur Charras, celui-ci n’hésite pas une seule seconde : « C’est bien simple, Charras est un emblème de la manière dont on construisait la ville au temps des Trente Glorieuses ; ce que nous voulons, c’est en faire un emblème de la manière dont on construit la ville du XXIe siècle : durable, ouverte et surtout conviviale. » 

Un projet au service de l’intérêt général 

Parce que les enjeux autour de Charras sont de première importance, la ville a fait le choix d’une gouvernance publique du projet. Courbevoie s’est donc associée à Grand Paris aménagement, établissement public d’État qui bénéficie d’une solide assise et d’une compétence inégalée en matière d’aménagement urbain. Pour son président, Jean-Philippe Dugoin-Clément, « ce projet illustre ce que nous sommes aujourd’hui capable de porter à Grand Paris aménagement pour accompagner la transformation de la ville. Ce futur cœur de ville témoigne aussi de l’ambition du maire et de son équipe municipale pour Courbevoie et ses habitants. Sans cette volonté rien n’aurait été possible. Je suis donc très heureux de mettre notre savoir-faire au service de ce projet emblématique de ce que seront les villes de demain. » La ville et Grand Paris aménagement ont créé ensemble une société publique locale d’aménagement (SPLA) dénommée Courbevoie-Charras, à laquelle participe également l’intercommunalité (Paris Ouest la Défense), compétente en la matière. C’est cette SPLA, présidée par le maire, qui est chargée du pilotage opérationnel du projet. Au cours des derniers mois, de nombreux investisseurs ont été consultés sur la base d’un cahier des charges résumant les grandes orientations fixées pour Charras, afin que soit retenu celui dont la réponse s’approchera le plus de la vision portée par le maire, les acteurs du projet et les Courbevoisiens. Cet investisseur privé, sélectionné par la SPLA, travaillera main dans la main avec les acteurs publics pour mener à bien la requalification de Charras. 

Encore un peu de patience 

Lorsqu’on lui demande si les Courbevoisiens seront associés au projet, le maire nous invite à patienter encore un peu : « Une réunion publique sera organisée en temps voulu : on ne veut pas d’effet d’annonce, on ira devant les habitants avec du concret et des images pour qu’ils se projettent et puissent s’exprimer. » Après cela, il faudra encore attendre au moins deux ans avant les premiers coups de pelle. « Un projet comme celui-ci demande un énorme travail préparatoire, associant de nombreux bureaux d’étude et acteurs qu’il faut coordonner, explique Stéphan De Faÿ, directeur général de Grand Paris aménagement, ainsi que de la SPLA Courbevoie-Charras. Les travaux ne démarrent que lorsque tout est finalisé, sécurisé et sûr. »

En attendant… 

Depuis plusieurs mois, de nouvelles boutiques ont ouvert leurs portes dans le centre commercial et font revivre ce lieu dans l’intervalle. Venez découvrir ces nouveaux commerçants qui viennent compléter l’offre déjà riche de Courbevoie. Épiceries fines, magasins de chaussures et de vêtements, décoration et arts de la table, etc., il y en a pour tous les goûts. Autre clin d’œil à ce projet transitoire, des nouvelles couleurs qui redonnent de la joie de vivre au centre, ainsi qu’un changement de nom : Charras & Co. C’est toujours Charras, mais plus tout à fait celui que l’on a connu. 

*Avec la participation de l’établissement public foncier d’Île-de-France et de la métropole du Grand Paris, financeur à hauteur de 500 000 € dans le cadre du contrats « Centres-villes vivants ». 

** Le concept de « ville du quart d’heure » a été théorisé par l’urbaniste Carlos Moreno en opposition à l’urbanisme fonctionnel (division spatiale des fonctions et des activités dans la ville) caractéristique des Trente Glorieuses et hérité, notamment, de la charte d’Athènes à laquelle Le Corbusier a contribué. 

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